Jacob Boehme
(1575-1624)
Notice Biographique.
Jacob Boehme est, sans aucun doute, l'un des plus grands
Gnostiques Chrétiens. Ce terme lui est appliqué non pas dans le
sens des soi-disant hérétiques tels qui existèrent aux
premiers siècles de l'ère chrétienne, mais pour décrire une
sagesse basée sur une révélation directed et exprimée par des
mythes et symboles plutôt que par des concepts - une
telle sagesse est plutôt de type contemplatif que discursif,
elle est une philosophie religieuse ou une théosophie.
Les deux caractéristiques de Boehme sont la grande simplicité
du cur et la pureté enfantine de l'âme. Il n'était ni un
savant, ni un lettré, ni un enseignant. Il appartient à cette
classe d'hommes sages et de bon sens qui viennent du peuple.
Comme enfant, il avait une faible constitution, aussi fût-il
placé comme apprenti cordonnier et suivit l'école primaire du
village d'Alt Seidenberg. A l'âge de 24 ans, de devient citoyen
de la ville de Görlitz et ouvre une échoppe de cordonnier. En
mai de cette année-là, il épouse la fille du boucher local,
Catharina Kuntzchmann, et peu de temps après, il achète une
maison.
Entre 1600 et 1611, le couple eut quatre fils. Tout au long de sa
vie, il fut un commerçant actif, un bon père de famille, un
conseiller en transactions financières, transport de
marchandises, un agent immobilier et un négociateur lors de
disputes de guildes ainsi que dans des affaires civiles et
privées. Comme tous les citoyens de Görlitz, Boehme dût faire
face aux difficultés financières découlant de la Guerre de
Trente Ans.
Pour un homme comme Boehme, ayant un grand intérêt pour la
religion, la ville de Görlitz était un endroit excitant. Il y
avait dans cette ville des émules du spiritualiste Caspar
Schwenckfeld von Ossig (1489-1551) ainsi que d'autres groupes
étudiant les uvres de l'alchimiste Théophraste Bombast
von Hohenheim (appelé aussi Paracelse) (1493-1541), et du
mystique Valentin Weigel (1533-1588). Bien que Boehme ait
étudié les divers enseignements de sa ville, ou même s'il n'en
avait été que simplement averti, sa doctrine ne peut pas être
expliquée par leur influence et Boehme n'y a fait aucun emprunt.
L'explication des sources de sa sagesse est un problème très
complexe car elle implique la possibilité d'une révélation
personnelle, d'une illumination, ou d'un don charismatique.
L'étincelle qui enflamma l'environnement de Boehme fut produite
par l'arrivée de Martin Moller, nommé pasteur luthérien de la
cité en 1600. Il y organisa immédiatement un "Conventicule
des Vrais Serviteurs de Dieu " pour tenter de
réintroduire une présentation assez rébarbative du
luthérianisme de l'époque: renouvellement personnel, croissance
spirituelle individuelle, expérience religieuse. Boehme,
intéressé par la nouveauté, rejoignit ce mouvement. C'est peu
de temps après, à la fin de l'année 1600, que Boehme eût sa
première grande vision. Il se mit à écrire et finit son Aurora
en 1612. Un de ses amis fit faire des copies de ce livre et les
fit circuler. C'est en 1613 que l'une de ces copies tomba entre
les mains du successeur de Martin Moller: le Pasteur principal
Gregory Richter qui, en plus d'être concerné par la défense de
l'orthodoxie Luthérienne, avait de raisons personnelles pour
attaquer Boehme. Il fit confisquer les uvres de Boehme le
30 juillet 1613, et il lui interdit de publier de nouveaux
écrits.
Boehme cessa donc d'écrire pour un "sabbat d'années"
comme il le décrivit. Il fut l'objet d'une nouvelle illumination
en janvier 1619, qui défia de nouveau son esprit prophétique.
Il rompit alors son silence et écrivit pratiquement sans
interruption de 1619 à 1623. L'enthousiasme de ses disciples eut
pour effet d'en répandre la rumeur dans un cercle assez large.
Richter reprit sa furie car les autorités n'avaient pas été
mises au courant des travaux de Boehme depuis 1619 et croyaient
qu'il était resté silencieux.
La publication du Chemin vers le Christ le jour du Nouvel
An de 1624 provoqua immédiatement une série de sermons enragés
de Richter. Le conseil municipal annonça à Boehme, au mois de
mars de la même année, qu'il devait chercher fortune ailleurs
et celui-ci alla s'installer à Dresden pour quelques temps. Vers
la fin de 1624, malade mais travaillant à son dernier livre,
Boehme rentra dans sa maison de Görlitz. Richter était mort et
ce fut son remplaçant qui vint administrer le prophète mourant.
Selon lui, Boehme mourut en bon Luthérien orthodoxe le 17
novembre.
Des recherches récentes ont découvert que Boehme était bien
plus qu'un simple cordonnier. Il semblerait avoir organisé le
commerce du cuir dans toute la région. Ses pratiques
commerciales étaient proches de ce que l'on appelle le
"dumping" de nos jours. Le Pasteur Richter, dont des
membres avaient perdu des sommes considérables à cause de la
concurrence de Boehme, avait en effet des raisons puissantes pour
obtenir son bannissement de Görlitz.
La Théosophie de Boehme.
Cosmogonie
L'univers, selon Boehme, fut créé selon la description du
Prologue de l'évangile selon Saint Jean. Dieu le créa par son
Verbe ou sa Parole. Il est triple, dès l'origine, et comprend
dans sa sagesse, les êtres individuels. Le monde créé révèle
progressivement sept caractéristiques. La première est le
dureté, qui est la conception que Dieu a de Lui-même. Elle
est suivie de l'attraction, et de la crainte qui
est le résultat des deux premières. La quatrième est l'allumage
du feu qui est à la base de la vie sensitive et
intellectuelle. Ce feu émet la lumière-amour qui dissipe
les ténèbres de l'individualisme des quatre premières
caractéristiques. La sixième est le pouvoir divin de la
parole, la septième est la parole elle-même. Chacune
des sept caractéristiques est présente dans chaque créature et
réfléchit son opération de toute éternité
l'être humain, créé à l'image de Dieu, est donc fait de feu
et de lumière. L'âme humaine est entraînée dans le courant de
feu de la nature éternelle et doit retourner à sa source comme
une lumière, comme amour. Boehme utilise deux de ses allégories
préférées pour décrire ce retour: la parabole du fils
prodigue et le travail qui reste à faire dans le vignoble. Le
voyage de retour est entrepris, et lorsque la volonté est
soumise, le travail de la vigne est accompli. Le retour à la
demeure est une expérience de contemplation divine et la
conclusion du travail donne l'ouverture de cette contemplation
divine. Toutes les créatures, sans aucune exception, retournent
dans l'unité de Dieu.
La Fraternité Universelle et le Retour à l'Unité
Sa conception du Créateur est celle d'un Dieu parfait, immobile,
complet, satisfait, tout-puissant, omniscient et infiniment bon.
Il a créé le monde et l'être humain pour Sa plus grande Gloire
et pour le bien de la Création. L'acte de création n'a pas
été provoqué par quoi que ce soit. ni ne répond à aucun
besoin de Dieu, mais fut le résultat d'une décision arbitraire,
purement et simplement. Elle n'ajoute rien à l'Etre Divin ni ne
L'enrichit en aucune manière. Dans ce contexte, toutes les
créatures participent à la même vie et sont, pour cette
raison, toutes inclues dans l'unité de Dieu, même les règnes
inférieurs de la nature. Le concept boehmien du paradis était
l'unité originale de la création et qui est aussi le lieu de
retour dans l'unité primordiale des âmes après leur mariage
mystique avec la Sagesse Divine (ou Theosophia) - voir aussi le
Retour du Christ.
Les Pouvoirs latents dans l'être humain
Voila le sujet qui occupe la plus grande partie de l'enseignement
de Boehme, c'est le sujet privilégié qu'il a choisi de traiter
et qui le force jusqu'au dépassement des limites du langage. Il
va bien plus loin que l'axiome de la contradiction. Tous les
êtres sont créés dans et par le Verbe de Dieu et se trouvent
reflétés dans la parole humaine. Chaque chose possède un Kraft,
qui se traduit en français par un Pouvoir ou une Energie,
qui est en constant parallèle avec le Kraft qui réside
au-dessus de toute chose, le Verbe de Dieu.
C'est à cause de la relation étroite qui existe entre le
microcosme et le macrocosme, que la parole de l'être humain doit
être prononcée avec précaution. L'être humain parle et
possède le pouvoir créateur de sa parole. L'imagination
est l'aspect par lequel l'être humain oriente sa conscience. Cet
aspect est normalement neutre. Il développe l'impression
dans l'être humain. La Magie commence là où s'arrête
l'imagination. La magie est le pouvoir qui transperce
l'imagination pour arriver au Mysterium Magnum, au Grand
Mystère. La recherche et la découverte de la Magie forme "la
meilleure théologie, dans laquelle on découvre le fondement de
la Foi." (Six Points Mystiques: 5:23). c'est dans la fondation de la Magie éternelle;
que sont créées les choses de par elles-mêmes à partir de
rien. Elle fait Quelque chose à partir de Rien et le fait en
dehors de l'activité de la volonté dans l'être humain. "La
volonté ne possède rien; il n'y a rien qui puisse lui donner
quoi que ce soit. Il n'existe aucune lieu dans lequel la volonté
puisse se découvrir elle-même, ou se reposer."(Mysterium Pansophicum).
Pour cela, en ce qui concerne l'être humain, ce n'est que
lorsque la volonté humaine, son désir, sa capacité de créer
en dehors du Grand Plan du Créateur, auront été totalement
soumis, que la création du Verbe peut avoir lieu, et que son
mariage avec la Sagesse Divine, la Theosophia ne sera
entièrement consommé.
Emprunté au site de l'Ordre Martiniste des Pays-Bas.